La route de terre est cahoteuse. Notre camion avance lourdement à travers des hectares de terres agricoles, soulevant la poussière à chaque virage. Je sors la main par la fenêtre et ressens la chaleur sèche du soleil d’été. Lorsque nous arrivons enfin dans l’allée d’une ferme, le doux parfum des figues m’enveloppe. Une profusion somptueuse de ce fruit nous attend. La table en cèdre est décorée de grandes feuilles de figuier, luisantes et coriaces—déclinant des teintes de vert pâle au vert foncé. Je remplis ma bouche de figues collantes jusqu’à ne plus pouvoir en manger. Au loin, j’entends des rires et le son léger de la musique. Le chauffeur me prend par la main et me guide à travers la maison, jusqu’à la porte arrière. Nous commençons à courir à toute vitesse à travers les collines couvertes de figuiers.

Sur le fond d’un coucher de soleil flamboyant, nous atteignons un grand rassemblement de gens. Tous portent des robes et costumes élaborés, leurs visages peints de teintes émeraude et bordeaux. Ils sirotent des cocktails laiteux, insouciants des éclaboussures alors qu’ils tournent, frappent des pieds et se plient au rythme de la musique. Un vieil homme, au visage simple, est assis sur une scène. Je regarde ses mains, marquées par le temps mais fortes, pincer avec dextérité les cordes de sa guitare. La foule bouge et danse sur le rythme du flamenco en parfaite harmonie. Bien que ce soit la première fois que j’entends cette mélodie, je connais la danse par cœur. Le chauffeur me fait tourner encore et encore, jusqu’à ce que les couleurs de la foule se fondent en un tourbillon infini. Peu importe combien nous dansons, la musique continue de jouer.