Nous rêvons tous, et ce plusieurs fois par nuit : on estime que cette activité mentale occupe au moins 25% de notre temps de sommeil (Source : « Pourquoi rêvons-nous » d’Isabelle Arnulf, Pour la Science, n°459, décembre 2015). Mais pourquoi et comment rêve-t-on ? Des recherches récentes, menées notamment grâce à l’étude de banques de rêves et à l’analyse de l’activité cérébrale de dormeurs, ont permis de faire progresser notre connaissance des causes et des mécanismes de nos rêves. Contrairement à ce que l’on pensait jusqu’à récemment, ces derniers interviennent autant pendant les phases de sommeil lent que lors des cycles de sommeil paradoxal, où l’activité cérébrale est aussi intense que lorsque nous sommes éveillés. Résultat : nous rêvons pas moins de trois à six fois par nuit. Un chiffre en moyenne plus élevé chez les femmes et les personnes à la créativité exacerbée, sans doute plus attentives à leur environnement.
Comment notre cerveau échafaude-t-il les scénarios plus ou moins étranges de nos songes ? On estime que près de 90% d’entre eux font référence aux événements que nous avons vécu la veille. Le tronc cérébral active certaines images provenant de la journée écoulée, que le reste de notre cerveau complète ensuite, ce qui explique l’aspect parfois sibyllin de nos rêves. Ils ont pourtant leur utilité, permettant d’optimiser la mémorisation des événements de la veille et de consolider les apprentissages. Et pourquoi fait-on des cauchemars ? Les rêves contiennent en moyenne deux fois plus d’émotions négatives que positives. C’est particulièrement le cas durant le sommeil paradoxal car l’amygdale, centre des émotions dans le cerveau, est alors très active. S’ils peuvent laisser une impression désagréable au réveil, ces cauchemars sont un signe de bonne santé psychique. Les chercheurs pensent désormais qu’ils nous servent à simuler des situations dangereuses pour mieux y faire face quand nous sommes éveillés.
Si les scientifiques y consacrent de plus en plus de recherche, le rêve continue d’être un vaste continent d’exploration et surtout une source fertile d’inspiration.